Tunisie : le gouvernement puise dans les avoirs détenus par la Banque centrale pour rembourser des dettes extérieures

Tunisie : le gouvernement puise dans les avoirs détenus par la Banque centrale pour rembourser des dettes extérieures

Tunisie : le gouvernement puise dans les avoirs détenus par la Banque centrale pour rembourser des dettes extérieures

Alors que le service de la dette augmentera de 40% en 2024, le gouvernement tunisien a soumis au Parlement un projet de loi autorisant la Banque centrale à financer le déficit budgétaire de l’exercice 2024 à hauteur 2,25 milliards de dollars.

Le gouvernement tunisien puisera dans les avoirs détenus par la Banque centrale pour rembourser des dettes extérieures urgentes, y compris des euro-obligations d’une valeur de 850 millions d’euros (920 millions de dollars) qui arriveront à échéance le 16 février, a annoncé la ministre des Finances, Sihem Boughdiri (photo), le jeudi 1er février 2024.

« Nous aurons recours à un financement direct de la part de la Banque centrale pour rembourser des dettes extérieures urgentes », a-t-elle déclaré devant la commission des finances du Parlement. Et d’ajouter : « en dépit de toutes les difficultés rencontrées par les finances publiques, la Tunisie s’est engagée à rembourser ses dettes extérieures dans les délais impartis afin de préserver la souveraineté nationale ».

La ministre s’exprimait lors de l’examen en commission d’un projet de loi autorisant la Banque centrale à accorder des facilités exceptionnelles au profit de la Trésorerie générale pour financer le déficit budgétaire de l’exercice 2024 à hauteur de 7 milliards de dinars (2,25 milliards de dollars). Ces facilités devraient être remboursées sur une période de 10 ans avec trois années de grâce et sans intérêt.

Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, a déclaré devant la commission des finances que le remboursement d’un eurobond de 850 millions d’euros grâce à des facilités accordées par l’institut d’émission entraînerait une baisse des réserves de change équivalant à 14 jours d’importations et aurait un impact négatif sur le taux de change du dinar tunisien. Il avait déjà mis en garde l’année dernière contre l’intention du gouvernement de demander à la Banque centrale d’acheter des bons du Trésor, estimant que cette démarche pourrait provoquer une « hausse incontrôlable » de l’inflation et une « forte dépréciation de la monnaie nationale ».   

Selon les données du ministère des Finances, le service de la dette de la Tunisie enregistrera une hausse de 40% en 2024 comparativement à 2023 pour s’établir à 4 milliards de dollars.

L’annonce du recours du gouvernement à des financements directs auprès de la Banque centrale intervient alors que la Tunisie peine à mobiliser des financements extérieurs en l’absence d’un accord définitif avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars. Le pays d’Afrique du Nord avait signé en octobre 2022 un accord préliminaire avec le FMI sur ce programme d’aide, avant de suspendre les négociations avec l’institution.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, avait cependant rejeté, en avril 2023, le « diktat » du FMI qui conditionne le décaissement des financements à des réformes économiques portant notamment sur la levée des subventions aux produits de base, la réduction de la masse salariale dans le secteur public et la privatisation des entreprises publiques, indiquant que de telles réformes pourraient « mener à davantage d’appauvrissement » et « provoquer des émeutes sanglantes semblables à celles déclenchées en 1984 par l’augmentation du prix du pain ».

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