Le FMI assure qu’un plan d’aide en faveur de la Tunisie est toujours d’actualité après la rebuffade du président
Le FMI assure qu’un plan d’aide en faveur de la Tunisie est toujours d’actualité après la rebuffade du président
Une semaine après l’annonce par le président Kaïs Saïed du rejet des « diktats » du FMI, relatifs à des réformes économiques impopulaires, l’institution financière souligne que les négociations se poursuivent avec les autorités tunisiennes.
Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, lundi 10 avril, qu’il poursuivait ses négociations avec les autorités tunisiennes sur un plan d’aide de 1,9 milliard de dollars, malgré la décision du président Kaïs Saïed (photo) de rejeter les « diktats » de l’institution financière internationale, relatifs aux réformes qui devraient accompagner ce programme de financement.
« Le gouvernement tunisien a fait les premiers progrès dans la mise en œuvre de son programme de réformes économiques, et une nouvelle date de réunion du conseil d’administration du FMI sera fixée en consultation avec les autorités tunisiennes, une fois que les conditions requises par le plan de financement seront en place », a souligné une porte-parole du Fonds, citée par Bloomberg.
Selon l’agence de presse officielle tunisienne TAP, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et le ministre tunisien de l’Economie et de la planification participent depuis lundi aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale qui se tiennent à Washington.
Le président tunisien a rejeté, le 6 avril, les « diktats » du FMI qui conditionne le décaissement d’un plan d’aide à son pays, à des réformes économiques portant notamment sur la levée des subventions aux produits de base, la réduction de la masse salariale dans le secteur public et la privatisation des entreprises publiques.
« En ce qui concerne le FMI, les diktats provenant de l’étranger et qui ne mènent qu’à davantage d’appauvrissement sont inacceptables […]. Ils [les bailleurs de fonds, Ndlr] nous demandent de les écouter. Je n’écoute que Dieu et la voix du peuple », a-t-il déclaré.
« L’alternative est que nous devons compter sur nous-mêmes. Il faut trouver d’autres idées, car la paix sociale n’est pas un jeu ou quelque chose qui peut être pris à la légère », a ajouté le dirigeant tunisien, rappelant les émeutes meurtrières déclenchées en 1984 dans le pays par l’augmentation du prix du pain.
La Tunisie, dont la dette publique dépasse 80% du PIB, avait signé en octobre 2022 un accord préliminaire avec le FMI sur un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars, mais le décaissement de la première tranche de ce prêt n’a pas encore eu lieu, car peu de progrès ont été accomplis dans la mise en œuvre des réformes convenues.
Ces dernières semaines, plusieurs responsables occidentaux, dont le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, et le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, avaient mis en garde contre un « effondrement » de la Tunisie, susceptible de « provoquer des flux migratoires vers l’Union européenne et d’entraîner une instabilité dans la région du Moyen-Orient & Afrique du Nord », tout en invitant les autorités tunisiennes à finaliser le programme convenu avec le FMI.
Tunis semble cependant redouter les tensions sociales que pourrait entraîner la mise en œuvre des réformes liées à la levée des subventions, dans un contexte d’envolée de l’inflation, de grave crise politique et de désaccords profonds avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la puissante centrale syndicale.
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