Santé : Sommes-nous réellement armés pour supporter des tunisiens vivants avec un diabète ?
D’abord OUI ! 1 million de tunisiens vivent avec un diabète, et les prévisions sont pour le moins alarmantes, il est aujourd’hui un fait qu’à la multitude de challenges que devra relever le pays, s’ajouteront diabète et obésité.
En effet, désormais épidémique sous nos contrés, le diabète constitue un challenge particulier, dont la complexité se démultiplie avec le retard de la prise en charge ou son inefficacité multipliant les complications de la maladie et jusqu’à 100 fois le cout des soins.
Le diabète engrange aujourd’hui des milliards du budget de la caisse nationale d’assurance maladie, ce chiffre certes important, est au demeurant très nuançable, en effet, il ne nous permet pas de considérer les coûts générés par l’auto surveillance, les glucomètres, et les bandelettes, ni les couts générés par divers soins paramédicaux nécessaires tels que la podologie ou les consultations chez les nutritionnistes, encore moins la multitude de médicaments non remboursés.
Paradoxalement, devant cette épidémiologie galopante, et le constat d’échec réduisant à 22% le nombre de diabétiques atteignant les objectifs thérapeutiques minimaux, notre arsenal médicamenteux commence à accuser un retard alarmant comparé aux pays les plus développés, en effet, les patients tunisiens accusent toujours des difficultés afin d’obtenir les insulines les plus modernes et lui procurant le confort de leurs présentation moderne en stylos, la prise en charge étant conditionnée par une procédure administrative contraignante pour le patient et son médecin traitant, cette condition limite le recours à ces insulines au cinquième du total des tunisiens ayant recours aux insulines, les autres 80% se retrouvent de fait contraints d’utiliser les anciennes générations d’insulines et de subir le calvaire de la gestion de seringue.
Fait encore plus alarmants, aucun nouveau traitement n’a été inclut dans le panier de remboursement national depuis 2004, privant ainsi les patients diabétiques de pas moins de 20 ans d’innovation, et allongeant la liste des médicaments candidats au remboursements pour le peu disponible à la vente, les autres molécules n’étant tout simplement pas disponibles et bloquées au niveau des différents organismes permettant leur commercialisation dans notre pays.
Ce gap a pour le moins deux conséquences ; la plus grave étant la privation du tunisiens vivant avec un diabète d’une chance d’améliorer sa condition et la multiplication des complications qui engendre une augmentation exponentielle des coûts des soins, le coût du médicament ne dépassant pas les 10 % du budget diabète global, la plus grande part est allouée au traitement de complications pour la majorité évitables.
La deuxième conséquence accentue tous les paradoxes, en effet, à un moment ou le tourisme de santé fait partie des opportunités ouvertes au pays, cette aubaine se trouve compromise par l’absence de plusieurs médicaments disponibles dans la majorité des pays voisins et pays d’origine de ses patients à la quête de soins à la pointe de l’innovation.
Devant cet état des lieux, et l’épée Damoclès menaçant un million de nos compatriotes, une revue des processus et l’impulsion d’un programme efficace devient primordiale voir pivotale dans le processus de reconstruction d’une Tunisie moderne au plus près de ses concitoyens.
Cependant, il est à noter que les efforts de faire face et de combattre ce fléau ne cessent de se multiplier, tel l’inauguration de la 3eme Maison du Diabète à Djerba et ceci le samedi 23 Juin 2018. Cette Maison du Diabète a vu le jour grâce à la société civile et notamment l’Amicale des Médecins de Djerba et l’Association des Patients Diabétiques de Djerba, mais surtout grâce au soutien de l’Ambassade du Royaume du Danemark et les laboratoires Novo Nordisk.
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Wissem Ben Abdallah