Vers le renforcement du secteur agricole

terre agricole*Oxford Business Group (Rapport Juillet 2012)*

Malgré une croissance économique en demi-teinte et une incertitude politique persistantes, conséquences des troubles politiques de l’an dernier, qui ont conduit à la destitution de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, la production agricole tunisienne et les investissements dans le secteur ont légèrement progressé ; une libéralisation plus poussée des échanges commerciaux reste néanmoins nécessaire pour renforcer l’efficacité de la production.

D’après l’Agence de promotion des investissements agricoles (APIA), lesbouleversements politiques qui ont marqué l’année 2011 n’ont pas empêché le secteur d’attirer 476.8 millions de dinars tunisiens (236.04 millions d’euros) d’investissements.

Par ailleurs, les investissements dans l’agriculture approuvés en avril 2012 ont atteint 2.1 millions de dinars tunisiens (1.1 million d’euros), soit une hausse de 5.21 % et 1.23 % par rapport à la même période en 2011 et 2010, respectivement, d’après les déclarations de l’APIA au mois de juin.

D’importantes quantités de produits agricoles cultivés sur les plaines fertiles, à proximité de la ville de El Hamma, sont également exportées sur les marchés européens, ainsi que dans un certain nombre de pays du Golfe, tels que le Qatar ou l’Arabie saoudite. Depuis le début de la saison agricole 2012, quelque 14 000 tonnes ont été commercialisées, soit 17 % de plus qu’à la même période en 2011, d’après Tunis Afrique Presse ;Des résultats dont peut se féliciter le secteur agricole, le seul grand secteur primaire tunisien, qui contribue à environ 14 % du produit intérieur brut (PIB), emploie 20 % de la main d’œuvre totale et génère 14.3 % des exportations tunisiennes totales.

Déterminée à maintenir la timide tendance haussière observée ces derniers mois, l’APIA s’efforce d’attirer les investisseurs étrangers dans le secteur et de nouer des partenariats stratégiques avec ses voisins d’Afrique du Nord, ainsi que des pays du Moyen-Orient.

Pour ce faire, l’agence mise essentiellement sur des campagnes de sensibilisation et des activités promotionnelles. Au mois d’octobre, par xemple, la Tunisie accueillera le salon international del’investissement agricole et de la technologie, puis fin 2012, l’APIA organisera la réunion annuelle de l’Organisation arabe pour l’investissement et le développement agricole.

Le pays devra néanmoins redoubler d’efforts pour réduire les pertes d’efficacité et renforcer l’attractivité du secteur de l’agriculture et de l’élevage. Les politiques agricoles nationales devront être réformées en profondeur pour améliorer les normes agricoles, le contrôle des prix, les droits de douane, le rendement et l’efficacité globale du secteur et, plus généralement, contrer les effets des précédentes politiques agricoles nationales, d’après un récent rapport de la Banque africaine pour le développement (BAD) intitulé « Distorsions des incitations et politique agricole en Tunisie : analyse préliminaire ».

La plupart des politiques tunisiennes actuelles répondent à des intérêts protectionnistes, un certain nombre de mesures de contrôle des prix ont été prises pour les produits de base, tels que les céréales et le lait, et des subventions aux facteurs de production sont octroyées pour les engrais et les pesticides chimiques.

Si des efforts ont été faits pour limiter certaines de ces mesures de soutien à l’agriculture, dans le cadre des accords de libre-échange avec l’Union européenne (UE) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la BAD soutient que ces politiques ont provoqué des distorsions de production, notamment en termes d’allocation des ressources à des produits spécifiques.

Les droits de douane à l’importation empêchent les ressources (l’eau, la main d’œuvre ou le capital par exemple) d’être allouées à d’autres secteurs, où leur utilisation pourrait être plus efficace, peut-on lire dans le rapport. L’étude révèle également que le niveau élevé de protection a rendu plus profitable la production pour le marché intérieur, notamment pour certaines céréales et l’élevage ; par conséquent, les agriculteurs ne sont pas incités à prendre le risque d’explorer les marchés internationaux.

Le rapport de la BAD préconise un certain nombre de réformes pour le secteur. En premier lieu, le gouvernement tunisien doit redoubler d’efforts pour attirer les investissements privés, et améliorer l’accès au crédit des entreprises agro-alimentaires. Les investissements de l’?tat dans l’infrastructure rurale sont également recommandés, plus spécifiquement pour financer la modernisation des opérations, et notamment les opérations de transformation et de commercialisation.

Une fois opérées, ces réformes devraient permettre à la Tunisie de s’assurer un avenir plus serein, et encourager les investissements étrangers dans le secteur agricole, même si les subventions sur certains produits seront très certainement maintenues à court terme, voire à moyen terme.

Le pays pourrait difficilement ne pas être en phase avec les politiques d’autres producteurs agricoles régionaux. Les politiques agricoles des pays développés, par exemple, et plus particulièrement des pays de l’UE, exposent la Tunisie à la concurrence des produits européens, commercialisés à des prix inférieurs grâce aux subventions européennes à l’exportation.

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