Les recettes provenant du tourisme, et des investissements directs à l’étranger (IDE), reprennent en Tunisie. Dans le même temps, plusieurs indicateurs économiques se sont améliorés au cours de la deuxième moitié de lannée 2012.
En dépit de la pression sur les finances publiques due au niveau élevé de dépenses et dinvestissements à lheure actuelle, les autorités sont optimistes quant au retour de la croissance économique en 2012. Le gouvernement tunisien estime que la croissance annuelle du PIB pourrait atteindre 3,5 % en 2012.De son côté, le FMI a publié une estimation plus modérée de 2,7 %.
Léconomie a été affectée par un climat dincertitude dû à la révolution politique en 2011, qui a débouché sur la démission de lex-président Zine El Abidine Ben Ali, et linstauration dun nouveau gouvernement.
Léconomie a également souffert du conflit chez son voisin, la Libye, et de la récession économique au sein de lUE, qui constitue le principal débouché pour les exportations de la Tunisie. Le PIB sest contracté de 1,8 % en 2011, une baisse plus importante quen ?gypte, selon le FMI.
Cependant, lactivité économique sest redressée dans plusieurs secteurs industriels clés à la fin de lannée 2011 et au début de 2012. Le PIB réel a augmenté de 4,8 % en année glissante au cours du premier trimestre 2012. La croissance économique nationale reste fragile, néanmoins les gains dans les secteurs du tourisme, de lindustrie, et des IDE devraient permettre de soutenir les performances économiques globales sur le court-terme.
Les recettes liées au tourisme, qui constituent lune des principales sources de devises étrangères de la Tunisie, ont rebondi pour atteindre 1,8 milliards de dinars tunisiens (882,29 millions deuros) pour la période comprise entre janvier et août 2012, soit une augmentation de 35,3 % par rapport à la même période en 2011(où elles sétaient établies à 1,3 milliards de dinars tunisiens, soit 637,21 millions deuros). Les revenus du secteur ont diminué dun tiers au cours de 2011 ; lincertitude politique en Tunisie et le ralentissement économique en Europe ont eu un impact négatif sur le tourisme.
Les IDE ont aussi repris, après avoir chuté de 26 % en 2011, car de nombreux investisseurs avaient alors adopté une posture attentiste. Cependant, le FMI a indiqué quau mois de juin 2012, les IDE ont augmenté de 28 % en glissement annuel, et les chiffres publiés en août par lAgence tunisienne de promotion de linnovation et de lindustrie (APII) démontrent que les IDE ont déjà retrouvé leur niveau de 2010.
Le rapport de lAPII constate que dans la première moitié de lannée 2012, les IDE ont représenté un montant de 1,12 milliards de dinars tunisiens (548,98 millions deuros), soit seulement 3 % de moins que la somme atteinte au cours de la même période en 2010. Les IDE étaient particulièrement concentrés dans le secteur manufacturier, qui a vu sa croissance sélever à 2,5 % au cours du premier semestre 2012.
Le retour des investissements étrangers est un signal encourageant pour le redressement économique, mais la Tunisie pâtit de laffaiblissement de sa position extérieure depuis 2010. Tandis que la production économique a ralenti, le déficit de la balance des comptes courants de la Tunisie sest creusé, de moins de 5 % du PIB en 2010 à 7,3 % en 2011.
Les prix de lessence et des produits alimentaires sont restés élevés partout dans le monde en 2012, et le FMI estime que le déficit tunisien restera à un niveau de 7 % du PIB cette année. Les réserves en devises étrangères ont diminué de 7,21 milliards deuros en 2010 pour atteindre 5,77 milliards deuros à la fin 2011, léquivalent de 3,8 mois dimportations. En dépit de laugmentation des IDE, les niveaux accrus dimportations ont contribué à réduire les réserves en devises étrangères, qui se sont établies à 5,16 milliards deuros à fin juin 2012, ce qui correspond à 3,1 mois dimportations.
Cependant, la Tunisie a maintenu une politique fiscale forte tout au long de la transition. Cela a permis de maintenir un niveau gérable de déficit fiscal et de dette publique.
Le gouvernement a augmenté les dépenses budgétaires actuelles afin de faire face aux revendications sociales pendant la crise, y compris un relèvement des salaires du secteur public, des subventions pour la nourriture et lénergie, et des programmes sociaux visant à résoudre les problèmes cruciaux tels que le chômage des jeunes. Par conséquent, le déficit fiscal total sest creusé, de 1,1 % du PIB en 2010 à 3,5 % en 2011.
Un rapport du FMI datant de juillet 2012 a reconnu, cependant, quune augmentation temporaire des dépenses publiques pourrait savérer cruciale pour redonner une impulsion à la croissance économique, et serait gérable sur le moyen terme. Le déficit public sest établi à 44,4 % du PIB en 2011, par rapport à 40 % au cours de la décennie précédente, et il pourrait encore se creuser pour atteindre un niveau – toujours gérable – de 46,5 % du PIB sur le moyen terme, selon le FMI.
Cependant, une grande partie de léconomie tunisienne reste liée à lEurope. Si la crise économique empire dans la zone euro, la baisse de la demande des pays européens pourrait remettre en question les débuts de reprise en Tunisie, tout particulièrement parce que la position extérieure plus faible du pays le rend plus vulnérable aux chocs provenant de létranger.
Lévaluation du FMI publiée en juillet indique que si le secteur bancaire est relativement bien protégé des effets de la crise dans la zone euro, la Tunisie risquerait cependant dêtre touchée via les secteurs du tourisme, du commerce et des flux financiers liés aux IDE.
La poursuite de la reprise économique en Tunisie dépendra largement de la situation économique en Europe et de lattitude des investisseurs.
Pour autant, la politique fiscale responsable adoptée par le gouvernement a permis au pays de conserver une position économique solide jusquau début de lannée 2012.
Avec laugmentation récente des dépenses publiques visant à assouplir le contexte social, à diminuer le chômage et à stimuler la croissance économique, le gouvernement devra prendre des mesures afin déquilibrer son budget. Alors que les prix augmentent, l?tat a indiqué quil avait lintention de durcir sa politique monétaire afin de contenir la pression inflationniste.
Le gouvernement a également annoncé quil sattendait à recevoir 2,46 milliards deuros daide financière extérieure dici à la fin de lannée. Cela devrait lui permettre de financer le budget 2012 en espérant un retour dune croissance solide en 2013.