La Rentabilité des Banques Tunisiennes Sous Pression en Raison des Nouvelles Règles de Prêt
La Rentabilité des Banques Tunisiennes Sous Pression en Raison des Nouvelles Règles de Prêt
La Rentabilité des Banques Tunisiennes Sous Pression en Raison des Nouvelles Règles de Prêt
Londres, 4 Mars 2025 – Selon Fitch Ratings, la rentabilité des banques tunisiennes est confrontée à des pressions croissantes en raison de nouvelles régulations en matière de prêt. Ces règles, qui permettent aux emprunteurs de bénéficier de réductions de taux d’intérêt sur certains prêts à taux fixe et obligent les banques à accorder des prêts sans intérêt, devraient peser sur les profits du secteur. Bien que ces mesures n’affectent pas les notations des banques, elles exacerbent les défis auxquels fait face un secteur déjà fragilisé.
Nouvelles Règles, Nouvelles Pressions
Une régulation introduite l’année dernière permet aux emprunteurs dont les paiements d’intérêts à taux fixe entre janvier 2022 et septembre 2024 ont dépassé 8% du capital restant dû à fin septembre 2024 de demander aux banques de réduire de moitié le taux d’intérêt pour la durée restante du prêt. Les banques sont tenues d’accepter toutes ces demandes. Fitch estime que cette mesure réduira le bénéfice net des dix plus grandes banques d’environ 170 millions de dinars tunisiens (TND) en 2025, soit 11% de leur bénéfice net annualisé au premier semestre 2024. Cependant, le coût comptable peut être étalé sur plusieurs années, atténuant ainsi l’impact immédiat.
Une autre régulation, qui sera bientôt mise en œuvre, obligera les banques à accorder des prêts sans intérêt représentant 8% de leur revenu net 2024 aux micro, petites et moyennes entreprises (PME). Fitch estime que la perte de revenus associée pour 2025 s’élèvera à environ 50 millions de TND pour les dix plus grandes banques, soit 3% de leur bénéfice net annualisé au premier semestre 2024.
Objectifs des Nouvelles Règles
Ces deux régulations visent à atténuer l’impact d’une nouvelle loi, introduite en février 2025, qui interdit les paiements échelonnés via des chèques postdatés. En Tunisie, l’utilisation de chèques postdatés est une pratique courante permettant aux consommateurs et aux petites entreprises de payer leurs achats en plusieurs fois. La nouvelle loi perturbera la gestion des flux de trésorerie de ces emprunteurs.
Fitch prévoit que ces deux régulations réduiront le bénéfice net des dix plus grandes banques d’environ 14% en 2025. Bien que cela ne soit pas suffisant pour affecter les notations, cela exercera une pression supplémentaire sur une rentabilité déjà modeste selon les standards des marchés émergents. Le retour sur equity (ROE) du secteur a atteint en moyenne 10% entre 2022 et le troisième trimestre 2024, un chiffre modeste compte tenu de l’inflation élevée en Tunisie (moyenne de 8% sur la même période) et des risques importants auxquels les banques tunisiennes sont confrontées. La note d’environnement opérationnel de Fitch pour les banques tunisiennes est actuellement de ‘ccc+’.
Un Environnement Opérationnel Difficile
La rentabilité du secteur est déjà limitée par une croissance modérée des prêts depuis 2022, un plafonnement des taux d’intérêt sur tous les prêts, des dépenses opérationnelles en hausse et des politiques de provisionnement renforcées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT). En janvier 2025, la BCT a encore durci la méthodologie de calcul des provisions générales, ce qui obligera les banques à provisionner 100 millions de TND supplémentaires. Bien que cela pèse sur la rentabilité à court terme, cela prépare mieux les banques à la mise en œuvre des normes IFRS 9, qui pourrait débuter en 2026.
Résilience des Banques Tunisiennes
Malgré ces défis, les profils de crédit des banques tunisiennes restent résilients. La croissance du crédit n’a été que de 2% au troisième trimestre 2024, mais les conditions de liquidité sont restées adéquates, avec des banques disposant de suffisamment de liquidités pour répondre aux besoins croissants de financement de l’État. Les ratios de capital, y compris le ratio Tier 1 (fin du troisième trimestre 2024 : 11,7%) et le ratio de solvabilité (14,5%), sont restés stables.
En janvier 2025, la BCT a publié une circulaire limitant les distributions de dividendes à 35% du revenu net 2024 et n’autorisant les dividendes que si les banques disposaient de tampons d’au moins 2,5 points de pourcentage au-dessus des exigences réglementaires minimales pour le ratio Tier 1 et le ratio de solvabilité à fin 2024. Ces efforts pour encourager les banques à préserver leur capital sont positifs pour leur crédit et aideront à atténuer l’impact des nouvelles règles de prêt sur leurs fonds propres.