Vers la fin des investissements dans les énergies fossiles

Vers la fin des investissements dans les énergies fossiles

Vers la fin des investissements dans les énergies fossiles 

De plus en plus de d’investisseurs parient sur les énergies vertes, et renoncent à financer des énergies polluantes.

Moins d’énergies fossiles pour « verdir » les investissements

Désengagement des énergies fossiles, pression sur les entreprises pour « verdir » les investissements sont des mesures phares retenues au sortir du « One Planet Summit » sur le climat, mardi 12 décembre 2017 à Paris afin de permettre aux acteurs économiques et financiers d’annoncer plusieurs engagements contre le réchauffement.

La Banque mondiale a promis qu’elle arrêterait de financer après 2019 l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz. L’institution financière mondiale est la première banque multilatérale à s’engager dans ce sens. Elle a investi dans l’industrie pétrolière et gazière en 2016 près d’1,6 milliard de dollars, soit moins de 5% de la totalité des fonds accordés. Et la Banque mondiale de promettre qu’elle va publier, à partir de 2018, tous les ans les émissions de gaz à effet de serre des projets qu’elle finance dans les secteurs les plus émetteurs, comme l’énergie. Elle entend généraliser la prise en compte d’un prix interne du carbone dans ses futurs investissements.

Pour sa part, l’assureur Axa a promis qu’il renonçait à assurer et à investir dans toute entreprise engagée dans la construction de centrales à charbon. Le géant français s’engage également à retirer près de 2,5 milliards d’euros d’investissements dans le secteur. Axa a promis de se désengager à hauteur de 700 millions d’euros des projets liés aux sables bitumineux. Il va en parallèle accroître de 9 milliards d’euros ses investissements « verts » (infrastructures…) d’ici à 2020. Dans le même sillage, la banque néerlandaise ING s’est engagée à « accélérer la baisse » des financements des centrales à charbon. D’ici à 2025, elle ne financera plus que les producteurs d’électricité utilisant moins de 5% de charbon et arrêtera de financer directement les projets de centrales à charbon.

Sur le volet d’adaptation au changement climatique, la fondation Bill Gates va consacrer 315 millions de dollars à la recherche en agriculture pour aider les plus pauvres, notamment en Afrique, à s’adapter au changement climatique. La Commission européenne mobilisera, dans le même temps, 318 millions de dollars pour ce but. L’Agence française de développement (Afd) a signé, dans le cadre d’un dispositif de 30 millions d’euros sur quatre ans, des accords avec l’île Maurice, les Comores, le Niger et la Tunisie, pour les accompagner dans l’adaptation aux impacts des dérèglements climatiques (systèmes d’alerte, lutte contre l’érosion…). Rémy Rioux, directeur général de l’Afd n’a pas hésité à confirmer que « l’adaptation » était « le parent pauvre » de la finance climat, tournée plutôt vers la réduction des émissions (énergies renouvelables, transports propres…). En fin, la Banque mondiale a annoncé qu’elle prêterait 4,5 milliards USD sur trois ans pour permettre à 150 villes de résister aux impacts et qu’elle les aiderait à attirer des financements privés. Les collectivités ont fait valoir leur rôle mais leur difficulté à accéder à certains fonds.

Les risques climatiques ne sont pas passés inaperçus. A cet effet, 237 entreprises se sont engagées à améliorer leur prise en compte du risque climatique dans leurs activités. Parmi elles, 20 des plus importantes banques et 80% des gestionnaires d’actifs, comme HSBC ou l’assureur AXA. Elles promettent de publier « leur stratégie pour gérer les risques (climatiques) mais aussi pour saisir les opportunités » qu’offre la lutte contre le réchauffement.

L’autre stratégie, est la mise sous surveillance des entreprises. Dans ce cas précis, un groupement de plus de 200 grands investisseurs, dont HSBC et le plus gros fonds de pension public américain (CalPERS), a décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus polluantes, pour qu’elles améliorent leur gouvernance sur le climat, réduisent leurs émissions et renforcent la publication de leurs informations financières relatives au climat. Sur la liste des cent entreprises visées par « ClimateAction 100+», figurent de grands groupes pétroliers et gaziers (BP, Chevron, Coal India…), des acteurs du secteur des transports (Airbus, Ford, Volkswagen…), et des groupes miniers et sidérurgiques (ArcelorMittal, Glencore…). Pendant cinq ans, ces 225 investisseurs, qui représentent 26.300 millards de dollars d’actifs sous gestion, vont suivre de près ces entreprises. Si elles font des progrès, elles pourront être retirées de la liste.

Concernant les budgets verts, le président de l’OCDE a annoncé le lancement d’une initiative baptisée « Paris Collaborative on Green Budgeting », à laquelle la France et le Mexique vont adhérer, et qui doit contribuer à l’élaboration de méthodologies pour établir des « budgets nationaux +verts+ ».

S’agissant des fonds souverains, la Norvège, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweit et la Nouvelle-Zélande lancent, à l’initiative de la France, une coalition de fonds souverains pour flécher des financements vers l’action climatique.

Les banques centrales jouent aussi un rôle prépondérant dans cette lutte. Ainsi, huit banques centrales et autorités de supervision (France, Mexique, Angleterre, Pays-Bas, Allemagne, Suède, Singapour, Chine) s’unissent dans un réseau pour échanger leurs points de vue et expériences. Le but: accélérer la prise en compte des enjeux climatiques dans la supervision financière et dans le refinancement des banques commerciales, le tout pour promouvoir un développement ordonné de la finance verte. Une conférence internationale est prévue en avril 2018 à Amsterdam.

Abordant le rôle du prix du carbone, le Chili, la Colombie, le Mexique, le Costa Rica et plusieurs Etats américains (Californie et Washington) et provinces canadiennes (Ontario, Québec, Colombie Britannique…) ont lancé une initiative pour développer leurs marchés du carbone et s’engagent à aller vers une plus grande coordination entre eux.

La neutralité carbone n’est pas non plus occultée. La coalition neutralité carbone annoncée pendant la COP 23 s’ouvre à 33 nouveaux acteurs (régions, entreprises et pays) et s’engage à publier dès 2018 et au plus tard en 2020 une trajectoire « neutralité carbone » à l’horizon 2050.

Pour ce qui est l’Obligation verte, le premier ministre belge Charles Michel a annoncé que son pays émettrait l’an prochain une obligation verte souveraine de 5 milliards d’euros, devenant ainsi le deuxième pays de la zone euro après la France à agir de la sorte. 

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