Sur plusieurs places boursières mondiales, on a enregistré d’importantes hausses en début d’année, notamment le mois de janvier. Ce phénomène boursier a été surnommé ‘’ l’effet Janvier’’. Mais qu’en est-il exactement ?
Un vieil adage boursier dit ‘’ Quand Janvier va, le reste de l’année suivra ‘’, en langage pratique cela se traduit par une performance annuelle significativement plus élevé lorsque la performance obtenue durant le mois de janvier est positive que lorsque cette dernière est négative. Ce phénomène a été observé, sur les principales bourses mondiales à 86% du temps depuis 1940.
En fait cela s’expliquerait par plusieurs raisons :
Tout d’abord, il y a un effet psychologique positif associé à une nouvelle année synonyme d’un nouveau départ et l’occasion de se rattraper notamment si on a réalisé des performances décevantes sur l’année précédente. Ensuite, plusieurs investisseurs, entre autres les salariés, reçoivent leurs primes qu’ils réinvestissent en bourse sous différents véhicules (Plans d’épargne actions défiscalisés, OPCVMs, actions..) ce qui renforce mécaniquement la demande par rapport à l’offre.
D’autre part, et suite à des opérations de nettoyage de portefeuilles réalisées en décembre, aussi bien par les gérants de fonds que par des investisseurs institutionnels, qui pour des desseins différents veulent soit dissimuler les mauvaises performances, soit maquiller leurs rapports annuels, soit encore le faire pour des raisons fiscales. Ainsi, ces opérateurs disposeront donc, en début d’année, de liquidités et commenceront une nouvelle stratégie de rééquilibrage de leurs portefeuilles, d’où une demande additionnelle sur le marché.
Idem, la bourse de Tunis, développe donc le même effet Janvier que connaissent d’autres places et pour les mêmes raisons ; Ainsi, le mois de décembre enregistre souvent des transactions de blocs généralement intra-groupe, les gérants de portefeuilles essayeront d’embellir leurs états de portefeuilles, et les personnes physiques souscriront a des comptes épargne en actions..
Ainsi sur le marché financier Tunisien, on a remarqué « l’effet janvier » à 8 reprises sur une période de 10 ans s’étalant depuis 2006 jusqu’en 2015 ; hormis, bien entendu, les mois de janvier 2011 où on a enregistré -13.29% notamment à cause de la révolution qu’a connu le pays, et le mois de janvier 2012 avec une légère baisse de -0.56% à cause des perturbations politico-sociales post-révolution.
Notons aussi que malgré, un début d’année 2015 en fanfare où l’indice a revisité sa zone de résistance historique au-dessus des 5 700 points culminant avec une évolution de plus de 13% du Tunindex sur le premier semestre porté par un « effet janvier 2015 » de +2.55% suivi d’un mois de février nettement haussier avec ses +4.26%, l’année 2015 semble se terminer en territoire négatif avec près de -3% sous le double effet des menaces sécuritaires qu’a connu le pays et la stagnation de la croissance économique qui en a suivi.
Alors, osons faire confiance aux statistiques qui ont démontré que « l’effet janvier » est bien présent dans notre marché d’autant plus que la caisse des dépôts et des consignations (CDC) a déjà établi un programme d’investissement en bourse à travers sa participation dans des fonds communs de placement évalués à 120 MDT.
Ça ne serait pas un oxymore de dire que la sagesse boursière nous invite à étaler le risque a travers la diversification de portefeuille et d’appliquer une stratégie réfléchie basée sur les fondamentaux des sociétés.
أبو زكريا