Consommateurs et vendeurs déçus par les soldes

soldes « Les soldes en Tunisie ne correspondent aucunement à leur dénomination», ont affirmé plusieurs acheteurs et vendeurs interviewés, récemment, par la TAP, dans un grand centre commercial de la Capitale, sis à l’Avenue Habib Bourguiba.  Ce centre commercial, fréquenté par une clientèle plus large durant la période des soldes (1er février au 15 mars 2012), fourmille de visiteurs, mais rares, sont parmi eux, les acheteurs.

La clientèle se plaint de la cherté des prix «Les prix sont normaux et ne dénotent pas de soldes», a dit Zeineb, étudiante, qui regarde de près une vitrine de chaussures sur laquelle sont affichées des remises allant de 20% à 50%. «Je veux profiter des soldes et acheter des  boots à un prix en rapport avec ma bourse», a-t-elle dit pensive.

Des signes de fatigue sont apparus sur le visage de Hayet, une mère de quatre enfants. Elle est en train de choisir avec son fils, âgé de 15 ans, quelques pièces pour le restant de la saison. Ce dernier n’a d’yeux que pour les vêtements de marque. «Tous les vêtements qui lui  plaisent sont dans la nouvelle collection et leurs prix  tournent autour de 200 dinars », a-t-elle maugréé.

«Avec quatre enfants, j’aimerais profiter des soldes mais que faire lorsque je trouve des articles de l’ancienne collection Coûtant chers, en plus d’une nouvelle génération très exigeante».  Toutefois, M. Fadhli Fethi, directeur général à la direction générale de la concurrence et des enquêtes économiques, a déclaré, au cours d’un entretien avec la TAP, que les soldes contribuent à la baisse de l’indice des prix à la consommation, pendant et après la période des soldes.

Mme. Chtourou, médecin, est la seule parmi les interrogés à trouver les prix acceptables durant la période des soldes. «Généralement, les prix sont à la portée. Par  exemple, ce manteau de marque que j’ai choisi pour ma  petite fille, était à 83 dinars, mais avec une remise de  20%, son prix est devenu raisonnable, surtout qu’il pourra  être encore porté pendant les deux prochaines saisons  hivernales », a-t-elle dit.

Les soldes sont feints Emna, quant à elle, doute des pratiques de certains commerçants. «J’ai remarqué que les soldes ne s’appliquent qu’à certains articles», précisant que «les pièces exposées avant le démarrage des soldes ne sont pas toujours les mêmes que celles se trouvant sur les étagères des boutiques, assurant, pourtant, participer aux soldes».

Esma vient confirmer les dires d’Emna: «cela est vrai, j’ai fait un tour avant le démarrage des rabais et   plusieurs des articles que j’ai vus ne sont pas exposés en cette période dîte de soldes».  Mohamed, un jeune homme qui s’est promené dans les différents coins d’une boutique de renommée du centre précité, trouve que les prix n’ont pas trop changé et les articles ont été remplacés par d’autres.

Selon ses dires, «les commerçants augmentent, par ailleurs, les prix avant le démarrage des soldes pour que leurs articles apparaissent ensuite comme soldés». Afin de faire face aux contraventions, les services de la direction de la concurrence et des enquêtes économiques vérifient la véracité des réductions pratiquées par les commerçants. Ainsi, sur la vitrine de la boutique, concernée par les soldes, doit figurer le double marquage (les anciens et les nouveaux prix) et le taux de réduction (minimum 20%), sachant que les articles soldés font l’objet d’un inventaire détaillé.

Concernant l’affichage de soldes sur la nouvelle collection, le directeur général à la direction générale de la concurrence et des enquêtes économiques, a fait savoir que pour annoncer des soldes sur une nouvelle collection, celle-ci doit être présentée et mise à la vente au moins trois mois avant le démarrage des soldes.

En cas de toute infraction relevée, le consommateur peut contacter la direction régionale du commerce, établie dans chaque gouvernorat, ou l’administration centrale, à travers un numéro vert:80100191. En outre, «les produits vendus pendant les soldes sont soumis aux mêmes règlements appliqués au cours des périodes en dehors des soldes (garantie, conformité aux normes et qualité) », a fait remarquer M. Fadhli.

A ce titre, si un commerçant refuse de restituer un article comportant des défauts ou si le client se voit refuser un document de garantie, relatif à l’objet acheté, une réclamation peut être déposée auprès de l’administration, a-t-il ajouté.

Les soldes ne sont plus aussi rentables Les commerçants sont, également, désemparés et  considèrent que les soldes ne sont plus une importante  source d’entrées d’argent.

Une gérante de boutique de prêt-à-porter dames, s’est  dite désespérée. «On aurait souhaité que les soldes soient  meilleurs. Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas vendu,  comme il se doit », a-t-elle dit.

La gérante explique :«Les gens n’ont pas d’argent! Ils voudraient bien acheter mais ils s’en voient incapables vu leur peu de moyens ». Pourtant, a-t-elle affirmé, «conscients de cette situation, nous avons réduit les prix à un seuil inférieur à notre capital sans pour autant voir les ventes augmenter, l’acheteur recherchant toujours les prix les moins élevés ».


Mirvette, propriétaire d’une boutique de prêt-à-porter,   a affirmé, pour sa part, que le marché stagne tant pendant  les jours normaux, qu’en période de soldes.En tant que commerçante elle ne participe pas à la saison des soldes, mais sur chaque article, présenté dans la vitrine, elle a apposé des étiquettes sur lesquelles sont affichés des prix séduisants, dans l’espoir d’attirer des clients, qui selon elle, demandent davantage de  réductions. Elle a ajouté, à ce propos, que «les clients doivent se mettre dans les mêmes conditions que nous, car il n’est pas vraiment dans mon intérêt de réduire davantage mon capital».

«Avant on s’apprêtait pour la saison des soldes comme on  le fait pour l’Aid El Fitr, aujourd’hui ce n’est plus le  cas car le client est submergé de crédits (logement,  voiture, consommation….) et son salaire ne lui suffit  pas pour profiter de la période des soldes», a déploré M.  Fakhreddine, travaillant également dans cette même  boutique.

«Certes, la conjoncture économique du pays est relativement particulière, mais il y a lieu de signaler que certains commerçants, opérant dans le secteur habillement et chaussures, parviennent à atteindre environ 40% de leur chiffre d’affaires, réalisé sur un semestre,  au cours de la période des soldes», a relevé M. Fadhli.

Il a ajouté que cette année, le taux de participation a atteint environ 64,5%, soit 1388 opérateurs économiques  dans 2152 points de vente, contre 1035 en 2011 sur 1368  points de vente en 2011. «Cet indicateur permet de mesurer le degré de réussite des soldes, relevant qu’un commerçant trouve opportun de participer aux soldes, s’il parvient à réaliser un bon profit », a-t-il expliqué.

M. Fadhli a tenu à signaler que les soldes doivent permettre aux consommateurs d’acquérir leurs besoins (habillements, chaussures, tissus, meublesà) et aux opérateurs économiques d’écouler leurs stocks et de créer, par conséquent, une dynamique commerciale sur le marché.

En ce qui concerne le mouvement des soldes, M.Fadhli a précisé que la grande pression est généralement constatée, durant les premiers jours des soldes pendant lesquels les  taux de réduction oscillent entre 20%, taux minimum imposé  par la loi, et 50%.

« La foule des acheteurs baissera de plus en plus pour reprendre à la deuxième démarque (taux de réduction allant jusqu’à 70%) et enfin à la troisième démarque avec des  soldes qui peuvent aller jusqu’au 90%», a-t-il conclu.

Grâce à un examen plus approfondi des réclamations et revendications tant des consommateurs que de la clientèle,  les soldes pourraient jouer davantage leur rôle dans la préservation de la bourse de la clientèle et
 l’amélioration des bénéfices des commerçants, pour un  partenariat gagnant-gagnant.

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