Fitch Ratings relève la note de la Tunisie à « B- » : Une embellie économique sous condition
La Tunisie voit sa note relevée par Fitch Ratings, une lueur d’espoir dans un paysage financier complexe
Dans une décision significative, l’agence de notation américaine Fitch Ratings a annoncé la révision à la hausse de la note souveraine de la Tunisie. Celle-ci passe de « CCC+ » à « B- », accompagnée d’une perspective « stable ». Cette amélioration salue les progrès réalisés dans la stabilisation de l’économie du pays, tout en soulignant les défis persistants qui pourraient entraver une reprise plus robuste.
Les moteurs de la révision à la hausse
Une position extérieure renforcée
Le principal facteur ayant conduit à cette décision est l’amélioration continue de la position extérieure de la Tunisie. Fitch Ratings met en avant plusieurs éléments clés :
-
La réduction du déficit courant, qui devrait s’établir à 2,2% du PIB en 2025, un chiffre bien inférieur à la moyenne historique.
-
La résilience des Investissements Directs Étrangers (IDE) et les décaissements constants des partenaires financiers multilatéraux et bilatéraux.
-
L’explosion de la balance des services (passée de 10% à 14% du PIB entre 2018 et 2024) et l’augmentation des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger (de 4% à 6% du PIB sur la même période).
Un financement extérieur plus favorable
L’agence anticipe une embellie sur le front du financement :
-
Un rebond significatif des entrées d’IDE est prévu pour 2025.
-
Une réduction des remboursements extérieurs, faisant passer les flux nets de financement de -3,7% du PIB en 2024 à seulement -1% en 2027.
Les défis et les limites de la notation
Des vulnérabilités structurelles persistantes
Malgré cette amélioration, Fitch Ratings émet de sérieuses mises en garde. La notation « B- » reste spéculative et est limitée par :
-
L’accès restreint au financement extérieur en l’absence d’un retour sur les marchés internationaux.
-
Une forte vulnérabilité aux chocs sur les prix des matières premières, accentuée par l’absence d’une réforme du système de subventions.
-
Un besoin de financement budgétaire très élevé, qui bien qu’en baisse, restera important (16% du PIB prévu en 2025).
Une dette publique toujours élevée
La dette publique devrait rester à un niveau préoccupant, autour de 83% du PIB en 2025. Sa légère baisse par rapport à 2024 (84,5%) est principalement attribuable à l’effet favorable du taux de change dinar/dollar, et non à une consolidation budgétaire structurelle profonde.
Les mécanismes de soutien interne
Le rôle crucial de la Banque Centrale et des banques nationales
Pour faire face à ses besoins, l’État tunisien s’appuie sur des soutiens locaux. Fitch Ratings note notamment :
-
Le soutien financier de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) via des crédits à taux zéro accordés au gouvernement.
-
Le renforcement des liens entre l’État et les banques nationales, qui sont appelées à contribuer de manière croissante au financement du déficit.
Une embellie fragile
La décision de Fitch Ratings offre un répit à la Tunisie et valide les récents ajustements économiques. Elle marque une étape positive dans la laborieuse restructuration financière du pays. Cependant, cette embellie reste conditionnée à la persistance de l’aide multilatérale et à la capacité des autorités à maîtriser les déficits. Sans une réforme ambitieuse, notamment celle des subventions, la vulnérabilité de l’économie tunisienne face aux chocs exogènes demeurera son principal point faible.