Crise historique sur le marché de l’or en Tunisie : les prix s’envolent et les bijoutiers sonnent l’alarme
TUNIS – Le marché tunisien de l’or traverse une période de turbulence sans précédent. Sous l’effet d’une flambée des cours internationaux, qui ont dépassé la barre symbolique des 3 800 dollars l’once, les prix locaux ont atteint de nouveaux sommets historiques. Une situation qui étouffe la demande, pénalise les bijoutiers et expose les dysfonctionnements structurels du secteur, selon la Chambre syndicale nationale des bijoutiers.
Une flambée des prix mondiale qui secoue le marché local
La hausse vertigineuse du métal précieux sur les marchés internationaux a un impact direct et immédiat sur le consommateur tunisien. Le cours de l’or ayant franchi le seuil des 3 800 dollars l’once, un nouveau record a été établi sur le marché local, confirmé par Hatem Ben Youssef, président de la Chambre syndicale nationale des bijoutiers, dans une déclaration à la radio Mosaïque.
Les bijoutiers en difficulté : des marges réduites et des ventes à perte
Une rentabilité proche de zéro
Le président des bijoutiers a levé le voile sur la situation critique des commerçants. La marge bénéficiaire dans ce secteur est extrêmement faible, ne dépassant généralement pas 2,5% après déduction des frais. La violence de la hausse des prix contraint même parfois les bijoutiers à une pratique intenable : vendre l’or en dessous de sa valeur réelle pour tenter de compenser des pertes et maintenir une trésorerie minimale.
La fermeture du Bureau de Garantie Central, un facteur aggravant de la crise
Un cadre réglementaire paralysé
Au cœur du problème se trouve la fermeture du Bureau de Garantie Central (le Poinçon). Cette institution, cruciale pour le secteur, permettait de certifier le titre de l’or et de racheter les invendus. Sa fermeture empêche les commerçants de « retourner » l’or et d’en calculer la valeur en temps réel, gelant ainsi le marché et créant un climat d’incertitude préjudiciable à tous.
La demande en berne, même pendant la saison des mariages
Le consommateur tunisien se fait prudent
L’impact sur la demande est sévère. Même pendant la saison des mariages, traditionnellement forte pour les achats de bijoux, les Tunisiens ont considérablement réduit leurs dépenses. Le consommateur, devenu prudent, se tourne de plus en plus vers des pièces plus petites et moins onéreuses, boudant les « grosses pièces » qui constituaient l’essentiel du chiffre d’affaires.
L’ombre d’un marché parallèle
Hatem Ben Youssef a également alerté sur la montée de transactions en dehors de toute surveillance officielle. Ce marché informel, qui échappe au contrôle de l’État, complique la régulation et expose les consommateurs à des risques de fraude.
La réouverture du Poinçon, présentée comme la solution salvatrice
Face à cette crise multiforme, la profession ne voit qu’une issue : la réouverture urgente du Bureau de Garantie Central. Selon le président syndical, cette mesure est la clé pour :
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Rétablir la transparence des transactions.
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Garantir aux citoyens l’intégralité de leurs droits à l’achat.
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Permettre aux commerçants de vendre à des prix stables.
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Relancer l’activité du marché et limiter la spéculation.
Alors que l’or international continue son ascension, le marché tunisien, asphyxié par des difficultés structurelles, est au bord de l’implosion. La pression monte sur les autorités pour qu’elles trouvent une solution rapide, la réouverture du Bureau de Garantie Central apparaissant comme la condition sine qua non pour éviter un effondrement durable de toute une filière.
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