Tunisie-FMI : 1.9 milliard $ sur le point de décaissement d’une première tranche de prêt
Tunis avait signé en octobre 2022 un accord préliminaire avec le FMI pour un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars. Mais le décaissement de la première tranche de prêt a été retardé par de faibles progrès dans la mise en œuvre des réformes économiques qui devraient accompagner ce programme.
Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, mardi 2 mai, qu’il était sur le point de conclure un accord sur le décaissement d’une première tranche de prêt en faveur de la Tunisie, au titre d’un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars ayant fait l’objet d’un accord préliminaire en octobre 2022.
« Nous devions nous assurer que les financements qui accompagneront le programme étaient suffisants. La bonne nouvelle, c’est que nous y sommes presque arrivés », a déclaré le directeur du FMI pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Asie centrale, Jihad Azour, dans un entretien accordé à Bloomberg.
« Nous avons travaillé avec les autorités et les amis de la Tunisie pour mobiliser des garanties de financement supplémentaires, et les autorités ont progressé dans ce que nous appelons les actions préalables. Il reste encore quelques points à finaliser », a-t-il ajouté.
La Tunisie avait signé en octobre 2022 un accord préliminaire avec le FMI sur un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars, mais le décaissement de la première tranche de ce prêt a accusé un retard, en raison de la réticence des autorités tunisiennes à s’engager dans des réformes économiques « douloureuses » qui portent notamment sur la levée des subventions aux produits de base, la réduction de la masse salariale dans le secteur public et la privatisation de certaines entreprises publiques.
Le président tunisien, Kaïs Saied, avait rejeté, le 6 avril, les « diktats » du FMI qui conditionne le décaissement d’un plan d’aide à son pays, à ces réformes économiques.
« En ce qui concerne le FMI, les diktats provenant de l’étranger et qui ne mènent qu’à davantage d’appauvrissement sont inacceptables […]. Ils [les bailleurs de fonds, Ndlr] nous demandent de les écouter. Je n’écoute que Dieu et la voix du peuple », a-t-il déclaré.
« L’alternative est que nous devons compter sur nous-mêmes. Il faut trouver d’autres idées, car la paix sociale n’est pas un jeu ou quelque chose qui peut être pris à la légère », a ajouté le dirigeant tunisien, rappelant les émeutes meurtrières déclenchées en 1984 dans le pays par l’augmentation du prix du pain.
En avril dernier, le FMI a cependant félicité la Tunisie pour ce qu’il a qualifié de « premiers progrès » dans la mise en œuvre des réformes économiques.
Dans le même temps, Tunis a négocié des financements extérieurs destinés à accompagner le programme d’aide du FMI avec des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, dont l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank).
Ces dernières semaines, plusieurs responsables occidentaux, dont le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, avaient mis en garde contre un « effondrement » de la Tunisie, susceptible de « provoquer des flux migratoires vers l’Union européenne et d’entraîner une instabilité dans la région du Moyen-Orient & Afrique du Nord », tout en invitant les autorités tunisiennes à finaliser le programme convenu avec le FMI.
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