Tunis abrite un forum Régional sur l’organisation des travailleurs informels
Pour un dialogue social inclusif et protecteur des droits.
Création d’un Conseil Africain des Unions des Travailleurs Informels présidé par la Tunisie.
L’Institut tunisien pour l’emploi inclusif(Tunisia Inclusive Labor Institute – TILI) vient d’organiser, mercredi 28 septembre 2022 à Tunis, en présence des partenaires institutionnels, dont leministère des Affaires sociales, le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi en collaboration avec l’Initiative mondiale d’équité ‘‘Global Fairness Initiative’’ (GFI),unForum Régional sur le thème : « L’organisation des travailleurs informels : pour un dialogue social inclusif ».
Plusieurs personnalités officielles tunisiennes, des représentants des structures d’appui et d’organisations nationales, telles que l’UGTT et l’UTICA, des responsables d’associations et structures impliquées, telles que le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), l’Observatoire national de l’emploi et des qualifications, le Centre de recherches et des études sociales et l’Association tunisienne du droit social ont pris part à cette manifestation, qui a été marquée par la présence de M. Kabiné Komara, ex-Premier Ministre de la Guinée, outre des délégations africaines et asiatiques de l’Afrique du Sud, le Kenya, le Liberia, le Rwanda, la Côte d’Ivoire, le Ghana et l’Inde, en présentiel ou en ligne.
D’après Mme Asma BEN HASSEN, présidente de L’Institut tunisien pour l’emploi inclusif (TILI) : « à travers ce forum régional, nous visons à lancer le débat avec nos partenaires clefs sur les principaux défis de l’emploi informel en insistant sur l’importance de mettre en place un système de protection sociale universelle et des initiatives permettant l’accès aux droits socio-économiques pour cette catégorie socioprofessionnelle marginalisée ».Et d’ajouter : « Nous espérons aussi définir ensemble des mécanismes pour que le dialogue social soit plus inclusif par une représentativité des travailleurs et entrepreneurs informels et appuyer les efforts du gouvernement dans la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle. Plusieurs expériences étrangères et africaines ont été débattues, et nous sommes ravis, en tant que structure de la société civile, de représenter la Tunisieau nouveau Conseil Africain des Unions des Travailleurs Informels et de le présider durant la première année de sa création ».
En Tunisie, l’une des principales priorités actuelles du gouvernement est de relever les défis de l’économie informelle qui représente plus de 50% du PIB du pays et engage plus de 44,5% de la population active. Ces chiffres ont considérablement augmenté au cours des dernières années, en raison des profondes répercussions de la COVID-19 sur le paysage économique et social, à l’instar d’autres pays africains et du reste du monde.
Malgré leur omniprésence, les travailleurs et entrepreneurs informels sont difficiles à identifier car leur travail n’est ni réglementé ni documenté. Bien que le système de protection sociale en Tunisie soit l’un des plus solides de la région MENA, le pays peine encore, comme beaucoup d’autres, à étendre ses services à tous les travailleurs de la population active en raison de la précarité du secteur informel. Plus de 1 592 000 des travailleurs n’ont pas accès au système de protection sociale de baseet travaillent encore dans des conditions qui ne respectent pas les normes du travail décent avec des salaires bas et un faible pouvoir d’achat. L’ampleur du problème touche de larges pans de la population et menace la paix et la stabilité sociale en Tunisie.
Jusqu’à présent, les travailleurs et entrepreneurs informels n’ont pas été en mesure de faire entendre leur voix dans ces négociations et n’ont eu qu’un accès limité aux systèmes qui influencent les politiques économiques et sociales. En impliquant les travailleurs informels dans ce processus, le dialogue social devient un mécanisme plus inclusif de négociation des politiques visant à promouvoir l’économie, à étendre la couverture sociale, à garantir des conditions de travail décent et à soutenir la transition vers l’économie formelle. Grâce à une approche participative et consultative entre le gouvernement, les partenaires sociaux et les représentants des travailleurs, les travailleurs informels peuvent défendre leurs propres droits et formuler des propositions adéquates et adaptées à leurs besoins pouvant avoir un impact positif sur l’environnement dans lequel ils mènent leur vie.
Lors du Forum régional organisé à Tunis, plusieurs expériences étrangères d’organisation, de représentativité et d’encadrement des travailleurs informels ont été présentées et débattues. Des expert.e.s et responsables de structures diverses, africain.e.s et asiatiques, ont été invité.e.s à enrichir le débat, dont nous citons : MmeFlorence Sosiba, présidente du Syndicat sud-africain des services domestiques et assimilés (SADSAWU) de l’Afrique du Sud, M. Charles Konnah, président de la Fédération des petits commerçants et de l’Union des travailleurs informels du Liberia (FEPTIWUL), Mme Mansi Shah, Coordinatrice technique principale de l’Association des femmes auto-employées (SEWA) de l’Inde (en ligne), Mme Jeannette Nyiramasengesho, présidente du Syndicat des Travailleurs Domestiques et Indépendants de l’Economie Informelle du Rwanda (SYTRIECI), Mme Marcelline Adopo, présidente de FETTEI-CI, de la Côte d’Ivoire, Mme Rose Omamo, présidente de l’Amalgamated Union Of Kenya MetalWorkers (AUKMW) et Mme Deborah Freeman, Secrétaire exécutive du Forum des travailleurs dans l’Economie Informelle du Ghana (en ligne).
Il est à rappeler que dans le monde, on recense près de2 milliards de travailleurs informels qui ne bénéficient d’aucune protection sociale et médicale et qui travaillent généralement dans des conditions qui ne respectent pas les normes du travail décent. En Afrique, près de 85,8% de l’emploi est considéré informel. Ce chiffre avoisine 68,2% en Asie et au Pacifique, 68,6% dans les États arabes, 40,0% dans les Amériques et 25,1% en Europe et Asie centrale selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Dans certains pays comme la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud, le Liberia ou le Rwanda, les chiffres varient entre 80 et 90% de travailleurs informels et d’entreprises non déclarées, employant des milliers de jeunes et de femmes.
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