Déficit commercial : la Tunisie sous tension
Le déficit commercial tunisien s’aggrave malgré une timide croissance des exportations
Le commerce extérieur de la Tunisie affiche des signes de fragilité. Selon le dernier rapport de l’Institut national de la statistique (INS) publié ce mercredi 12 novembre 2025, le déficit commercial a grimpé à 18,43 milliards de dinars sur les dix premiers mois de l’année, contre 15,71 milliards durant la même période en 2024. Une tendance préoccupante qui révèle les déséquilibres structurels de l’économie nationale.
Une hémorragie commerciale qui s’accélère
L’écart se creuse entre importations et exportations
La situation s’est dégradée sous l’effet d’une croissance déséquilibrée : si les exportations ont timidement progressé pour atteindre 52,21 milliards de dinars, les importations ont, elles, grimpé en flèche à 70,65 milliards de dinars, creusant ainsi le déficit de près de 3 milliards de dinars. Cette dérive souligne la vulnérabilité d’une économie fortement dépendante de l’extérieur pour ses besoins en biens d’équipement, matières premières et produits de consommation.
Les paradoxes d’une économie en lutte
Des performances sectorielles contrastées
Le tableau n’est pourtant pas uniformément sombre. Certains secteurs tirent leur épingle du jeu, offrant un semblant d’optimisme. Les industries mécaniques et électriques, ainsi que les mines, phosphates et dérivés, enregistrent des performances encourageantes. Ces progressions témoignent d’un réel potentiel industriel, mais elles peinent à compenser les contre-performances d’autres secteurs clés.
L’huile d’olive, un « or vert » en perte de vitesse
Le secteur agroalimentaire, traditionnel fer de lance des exportations tunisiennes, marque le pas. La baisse des ventes d’huile d’olive – produit emblématique du terroir – pèse lourdement sur la balance commerciale. Ce recul interpelle sur la compétitivité de ce secteur stratégique et sur sa capacité à maintenir ses positions sur les marchés internationaux.
Les partenariats commerciaux : entre loyautés et nouvelles réalités
L’Union européenne, un partenaire privilégié mais contrasté
L’Union européenne demeure le partenaire commercial majeur de la Tunisie, absorbant 70,5% de ses exportations. L’Allemagne (+10,7%) et la France (+9,6%) affichent une croissance robuste, tandis que l’Italie et l’Espagne enregistrent des reculs. Cette divergence reflète la nécessité pour la Tunisie de diversifier ses débouchés et de s’adapter aux spécificités de chaque marché.
Les nouveaux horizons commerciaux
La carte des échanges commerciaux se redessine progressivement. Les importations depuis la Chine et la Turquie progressent significativement, témoignant d’un rééquilibrage géopolitique et économique. Dans le même temps, les partenariats avec les pays arabes voisins – Libye, Algérie, Maroc et Égypte – conservent leur importance stratégique, ouvrant des perspectives de coopération régionale renforcée.
Ces chiffres du commerce extérieur dressent le portrait d’une économie tunisienne à la croisée des chemins. Si certains secteurs innovants montrent des signes encourageants, la dépendance aux importations et les contre-performances de secteurs traditionnels like l’agroalimentaire restent préoccupantes. La résorption du déficit commercial passera nécessairement par une valorisation accrue des exportations et une stratégie commerciale plus diversifiée.
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