En Tunisie, près de 53% des fintechs jugent le cadre réglementaire décourageant

En Tunisie, près de 53% des fintechs jugent le cadre réglementaire décourageant

Le rapport souligne que l’écrasante majorité des jeunes pousses de la finance considèrent que les procédures administratives constituent un obstacle important à leur développement, et jugent la collaboration avec les régulateurs du système financier insuffisante.

Cinq ans après l’entrée en vigueur de la Startup Act, une loi révolutionnaire visant à faciliter la création et le développement des entreprises innovantes en Tunisie, 52,6% des start-up spécialisées dans les technologies financières actives dans le pays jugent le cadre réglementaire décourageant, selon un rapport publié le 9 novembre par Tunisian Startups, un organisme à but non lucratif qui œuvre à renforcer le système tech local.  

Intitulé « Baromètre des fintechs en Tunisie 2023 », le rapport se base notamment sur une enquête réalisée auprès de 56 fintechs dont la majorité sont en phase d’amorçage ou d’accélération.

36,8% seulement de ces jeunes pousses trouvent la réglementation relative au développement de l’écosystème fintech encourageante et 10,5% préfèrent ne pas se prononcer à ce sujet. Dans ce cadre, les deux réglementations les plus décriées sont la loi de change et loi sur les établissements de paiement.  

Entrée en vigueur en octobre 2018, la Startup Act, qui comprend 20 mesures destinées à simplifier les procédures administratives, à faciliter l’accès au financement et à créer les conditions nécessaires au développement des start-ups tunisiennes à l’international, est jugée insuffisante pour permettre un essor des fintechs. En effet, 57,9% des jeunes pousses de la finance considèrent que les procédures administratives représentent encore un obstacle important à leur développement et 36,8% les décrivent comme un obstacle moyen.

Dans ce même contexte, 90% de ces start-ups sondées jugent la collaboration avec les régulateurs du système financier insuffisante, notant que l’interaction avec la Banque centrale de Tunisie (BCT) n’est pas institutionnalisée puisqu’elle s’appuie essentiellement sur les efforts de quelques personnes au sein de cette institution. Elles proposent dans ce cadre la création d’un guichet unique pour les fintechs afin de centraliser les démarches et de faciliter l’accès aux services administratifs, aux informations réglementaires et aux opportunités de financement.

Un accès au financement globalement difficile

Le rapport élaboré en collaboration avec le cabinet de conseil Matine Consulting révèle d’autre part que près de 50% des fintechs interrogées déclarent qu’elles n’ont pas eu recours à des levées de fonds auprès de banques, de fonds de capital-risque ou des business angels. Ces jeunes pousses s’appuient essentiellement sur les apports personnels des fondateurs, la contribution du réseau proche des fondateurs (famille et amis) et les ressources fournies par les incubateurs et les accélérateurs.

Alors que l’accès au financement bancaire est jugé difficile, les fintechs déclarent qu’elles trouvent une meilleure réceptivité auprès des fonds de capital-risque et des business angels qui comprennent mieux leurs profils de risques, même si 58% d’entre elles estiment que les taux de rentabilité interne (TRI) exigés par ces acteurs sont trop élevés.

Sur un autre plan, 52,6% des pépites de la tech sondées font remarquer que les talents nécessaires à l’essor du secteur de la fintech sont disponibles en Tunisie alors que 36,8% estiment que ces compétences sont rares et 10,5% les considèrent indisponibles.

Dans ce chapitre, les fintechs proposent de mettre en place des cursus de formation spécifiques, d’accorder des exonérations fiscales aux jeunes pousses qui recrutent les cadres locaux afin de leur permettre d’offrir des rémunérations plus attrayantes face à la forte concurrence des fintechs étrangères et d’assouplir les procédures de visa et de permis de travail pour les talents étrangers souhaitant travailler en Tunisie.

Le rapport indique par ailleurs que 56 fintechs actives ont été recensées en Tunisie à fin 2022, tout en notant que le rythme de création de ce type de start-ups s’est accéléré depuis l’entrée en vigueur de la Startup Act. Ce rythme est demeuré stable malgré la pandémie de Covid-19, avec 8 nouvelles fintechs en moyenne par an entre 2018 et 2022.

Les fintechs tunisiennes, dont 16 ont déjà réussi à réaliser des percées au niveau international, opèrent essentiellement dans le segment B2B, notamment dans les domaines des paiements, du financement et des services aux entreprises.

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