Aimants permanents : la Chine tient l’industrie européenne en laisse
Aimants permanents : la Chine tient l'industrie européenne en laisse
Aimants permanents : la Chine tient l’industrie européenne en laisse
Face au risque d’un embargo chinois sur les aimants indispensables à ses industries, l’Union européenne est acculée à une course contre la montre pour éviter l’asphyxie.
Une véritable épée de Damoclès plane sur l’industrie européenne. La Chine, qui assure 94% de la production mondiale d’aimants permanents, menace aujourd’hui de couper le robinet de ses exportations vers les pays qu’elle juge « non amis ». Cette annonce place l’Union européenne dans une situation de vulnérabilité extrême, alors qu’elle a tardé à prendre la mesure de cette dépendance critique.
Une dépendance vitale et un risque d’arrêt cardiaque industriel
Les aimants en cause, de type néodyme-fer-bore (NdFeB), sont bien plus qu’un simple composant. Ils sont le cœur des petits et gros moteurs électriques. Sans eux, des secteurs entiers de l’économie s’arrêteraient net : l’automobile électrique, la défense et la domotique en tête.
La situation est d’autant plus alarmante que les stocks européens sont squelettiques. Selon les estimations, ils ne s’élèveraient qu’entre 5 et 15 jours de consommation. En cas d’interruption des livraisons, les chaînes de production européennes pourraient donc se paralyser en moins de trois semaines.
Le réveil européen : une souveraineté à reconstruire d’urgence
Consciente du danger, la Commission européenne accélère désormais tous les leviers à sa disposition. La réponse se veut plus ferme que lors du conflit tarifaire avec les États-Unis de l’ère Trump. Forte d’un large soutien des États membres, elle n’exclut plus de recourir à l’instrument anticoercition, une mesure défensive puissante.
Dans le même temps, une stratégie multidirectionnelle se met en place :
-
Diversifier les sources d’approvisionnement : Des partenariats internationaux sont activement développés avec l’Australie, le Canada, le Kazakhstan ou le Groenland pour sécuriser l’accès aux terres rares, matières premières essentielles.
-
Relancer la production locale : L’UE augmente son soutien aux projets industriels européens. En France, des acteurs comme MagREEsource et EUROMAG tentent de relancer une filière. Mais le chemin est long : selon les projections actuelles, ces projets ne couvriraient qu’à peine 20% des besoins européens à l’horizon 2030.
-
Structurer une réponse collective : La Commission projette la création d’un centre commun d’achat et de stockage stratégique, sur le modèle japonais, et prévoit d’utiliser son initiative Global Gateway pour contrer l’influence chinoise et sécuriser les chaînes d’approvisionnement.
Malgré cette mobilisation tardive, l’Europe joue sa souveraineté industrielle dans cette course aux aimants. La dépendance quasi-totale à la Chine, couplée à des stocks dérisoires, la place dans une situation de fragilité sans précédent. Les plans existent, mais le temps, lui, est compté.

Lire aussi: