L’Artisan, en voie d’extinction!!

artisanat  Taxes douanières excessives, carence de la main-d’oeuvre dans les différentes filières artisanales, désaffection pour ces métiers, pouvoir d’achat limité du tunisien, instabilité post-révolutionnaire, sont autant de problèmes sur lesquels butent les artisans nationaux.

 Suite aux divers témoignages de professionnels qui exposent au Salon national de l’artisanat (du 23 Mars au 1^er Avril, au parc des expositions du Kram).

Cette manifestation entend refléter le savoir-faire des artisans, la créativité des jeunes concepteurs, mais aussi, l’histoire et le patrimoine de la Tunisie et les spécificités de chacune des régions.

A l’intérieur d’un stand voué au textile artisanal, sont exposé des foutas, écharpes, couvertures, rideaux, nappes, draps artisanaux de couleurs variées et d’un design exceptionnel.

M. Mohamed Boughzala, gérant de cette société de textile implantée à Ksar Helal (gouvernorat de Monastir), a souligné que «ces produits en coton de bonne qualité, sont d’un prix abordable», ajoutant que cette activité artisanale est confrontée, aujourd’hui, à une multitude de problèmes.

Il s’agit, notamment, des « taxes douanières excessives payées par les artisans sur l’importation des fils (en provenance de l’Europe et de l’Inde). Ces taxes ont plus que quadruplé, passant de 10 mille dinars (MD), par conteneur de fils avant la révolution, à environ 45 MD actuellement ».

Par ailleurs, a-t-il ajouté, le secteur souffre d’un manque de main d’œuvre performante et efficace, puisque les artisanes s’orientent de plus en plus vers d’autres métiers (dans des usines), sous prétexte que ce métier n’est pas rentable et épuisant.

Pour remédier à ces défaillances, il a plaidé pour une intervention de l’Etat, en vue de soutenir ce secteur, en concevant  des mécanismes d’incitation en faveur des artisans.  Il a suggéré, aussi, de créer une usine tunisienne pour la fabrication des fils, afin de réduire les pertes qui alourdissent la charge des professionnels.

M. Abdelwaheb Akkeri, artisan spécialisé dans la fabrication de tapis et margoums traditionnels dans la région d’El Jem  (gouvernorat de Mahdia), a avancé que le problème de la carence de main d’œuvre a touché les différentes filiales artisanales.

« Les femmes n’ont plus la patience de s’asseoir pendant des jours et des semaines, voire des mois, face de la « Seddaya » (métier à tisser), pour achever un tapis. A cela, s’ajoute le prix excessif de la laine qui rend ce métier de moins en moins rentable », a-t-il expliqué.

Partageant le même point de vue, M. Mansour Trabelsi, tapissier exerçant dans la région de Sidi Bouzid, a critiqué le détachement de certains artisans du métier de leurs pères.

Il a, aussi, relevé que « l’absence de stabilité sociale et politique, après la révolution, a fortement influencé le secteur économique en général, et celui de l’artisanat en particulier, dans la mesure ou ce dernier est fortement tributaire de l’essor du tourisme ».

«Même les commerçants, qui se préparent habituellement, au cours de cette période de l’année, à la saison estivale, en achetant des articles artisanaux, ont renoncé à cette habitude, ces deux dernières années, car ils sont dépourvus de moyens financiers. Ils se contentent des articles qu’ils ont déjà », a-t-il affirmé.

Le problème se situe aujourd’hui, d’après M. Trabelsi « au niveau du pouvoir d’achat limité du tunisien, et au manque de confiance en l’avenir. Ainsi, les gens préfèrent garder leur argent pour des affaires plus importantes et vitales ».

Dans un stand de nattes et d’articles traditionnels de la région de Gabès, tels que  »la mloukhia » (corète potagère),  »le henné »,  »l’encens » à, M. Aboud Taieb, est en train de convaincre avec ces trois enfants, les visiteurs, d’acheter l’un de ses articles.

«Loin de la commercialisation pour le grand public, l’avantage de la participation à un salon, notamment celui-ci de l’artisanat, est de nouer des relations de partenariat avec des commerçants tunisiens, et même étrangers », a-t-il souligné.

Gérant d’un petit atelier, qui regroupe des jeunes gens et des femmes d’un même quartier, ce gabésien de souche, a affirmé qu' »ils luttaient pour survivre face à la stagnation économique qu’a connue le pays, après les événements de 14 janvier ».

Dans certains créneaux précis, les artisans tunisiens ont réussi à percer. C’est le cas de M. Mehdi Sassi, qui expose des articles originaux fabriqués à partir de peaux de lapin, de chèvre ou de mouton. Il a indiqué avec fierté « Nous produisons des tapis, des sacs à mains, des gilets, des poufs, des articles décoratifs, et même des  »chouchous » pour les cheveux et des mules. Ma société est la seule sur tout le territoire tunisien à fabriquer ces articles ».

En fait, a-t-il précisé, nous sommes une société familiale, spécialisée au départ dans l’élevage des animaux. Nous nous sommes orientés, ensuite, vers ces spécialités à forte rentabilité.

Ainsi, « nos produits sont commercialisés aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’étranger (en Europe en particulier), et ils sont
fortement demandés « .

C’est aussi le cas de M. Sinane Nagati qui fabrique des meubles avec un matériau composite en s’inspirant de modèles de meubles modernes (canapés, salle de séjour, salle à manger).  Etant le seul à produire ce genre d’articles sur tout le continent africain, il a su mener à bien son projet, créé en 2000, puisqu’il vient de mettre en place, sa troisième usine dans la région de Boumhel.

« Nos meubles sont fabriqués à partir d’un matériau spécial (fruit de la composition d’une fibre végétale avec du fil et des pigments) qui se distingue par ses propriétés éliminant toute déformation et permettant une réparation facile, ce qui  favorise la préservation de la forme et de la couleur et de la présentation d’une surface agréable à toucher ».

« Mes trois unités regroupent, actuellement, 90 ouvriers, et nous sommes très sollicités, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, puisque nous exportons vers tout les pays européens », a- t-il ajouté.

Faut-il le rappeler, le secteur artisanal compte environ 350 mille professionnels, exerçant dans 75 activités. Le nombre des entreprises artisanales inscrites à l’ONA, s’élève à 1200, dont 523 unités sont exportatrices, alors que le nombre de magasins d’artisanat se monte à 78 .

Le produit artisanal présente 3,9% du PIB et 2,2% de l’exportation, et crée, une moyenne annuelle de 7000 nouveaux postes d’emploi. De larges potentialités et d’importants créneaux restent, à ce jour inexploitées …

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