Bilan de l’année 2012

plumes bilan 2012L’année 2012 a été placée sous le signe d’un lent retour à la croissance pour la Tunisie, qui est sortie de la récession et a affiché des résultats économiques très mitigés à l’approche des élections présidentielles et parlementaires qui devraient avoir lieu courant 2013.

Si la lenteur de la transition politique et les pressions extérieures,avec en premier lieu la récession en Europe et les prix élevés dupétrole sur les marchés mondiaux, ont constitué des obstacles à une croissance durable, la Tunisie a enregistré en 2012 une augmentation del’investissement direct étranger (IDE) et de ses exportations industrielles, laissant entrevoir une reprise sur le moyen terme.

Selon les prévisions du FMI, le PIB, qui avait reculé de 1,8% en 2011, devrait avoir progressé de 2,8% en 2012 et continuerait son évolution à la hausse, atteignant 3,5% en 2013 grâce à la croissance des secteurs de l’industrie, du tourisme et de la consommation intérieure.

Des pressions ont toutefois pesé sur l’économie tunisienne en attendant un retour à la croissance et le gouvernement a dû procéder à une augmentation des dépenses courantes afin de répondre à la demande sociale.

Les mesures introduites, parmi lesquelles des hausses de salaire dans la fonction publique, des subventions sur les produits alimentaires et énergétiques ou des programmes de lutte contre le chômage des jeunes, ont entrainé des prévisions d’élargissement du déficit budgétaire, qui devrait s’établir à 7,2% du PIB en 2012, contre 3,5% du PIB en 2011.

La hausse des prix mondiaux du pétrole, une chute de la demande d’exportations et la lenteur du retour aux niveaux d’investissement de 2010 ont également pesé sur les finances extérieures et le déficit courant s’est creusé : il s’établirait à 7,5% du PIB à la fin 2012.

Dans le même temps, la demande intérieure de crédit a enregistré une augmentation rapide. La hausse des crédits à la consommation a pesé sur les niveaux de liquidité des banques et contribué à faire grimper l’inflation, dont le taux s’établissait à 5,5% en novembre 2012.

En octobre, la banque centrale tunisienne a annoncé de nouvelles restrictions au crédit à la consommation, stipulant que les banques doivent maintenir des réserves égales au volume des nouveaux prêts à la consommation. Ces mesures, qui visent à rééquilibrer les dépenses d’investissement et de consommation, devraient contribuer à renforcer les fondements du secteur financier et à freiner l’inflation.

La confiance des investisseurs se verra renforcée si la Tunisie parvient à un déroulement sans heurts du processus électoral cette année. Les élections, qui devaient avoir lieu en mars, ont toutefois été repoussées à juin et risquent d’être reportées encore une fois si les problèmes liés au processus d’élaboration de la constitution n’ont toujours pas été résolus.

Si la dette de la Tunisie est en hausse, le pays bénéficie d’un soutien considérable de la part de partenaires étrangers et d’institutions financières, ce qui devrait couvrir une grande partie des besoins de financement du pays sur le court terme. En 2012, la Tunisie a reçu un soutien budgétaire extérieur de l’ordre de 3,2 milliards de dollars provenant de différentes sources, notamment du Fonds Saoudien pour le Développement, du Fonds Monétaire Arabe et de la Banque Européenne d’Investissement.

Le Ministère des Finances estime à 7 milliards de dinars (3,42 milliards d’euros) les besoins de financement pour 2013. Les ?tats-Unis devraient participer à hauteur d’environ 500 millions de dollars, ce qui permettra à la Tunisie de bénéficier de taux d’intérêt plus avantageux sur le marché international de la dette.

Malgré les incertitudes de l’économie mondiale, les IDE ont repris en 2012, après avoir accusé une chute de 26% en 2011. Au cours des 11 premiers mois de l’année 2012, les IDE ont connu une augmentation de 29,2%, atteignant 1,81 milliard de dinars (883,8 millions d’euros), retrouvant, à 10% près, les niveaux de 2010 avant la transition politique, selon l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur (APIE).

C’est le secteur énergétique qui s’est taillé la part du lion des investissements, enregistrant une hausse des IDE de 25% en glissement annuel et se rapprochant des niveaux de 2010. Les investissements dans le tourisme ont également affiché une forte progression et atteignaient 77 millions de dinars (37,6 millions d’euros) en novembre, soit une multiplication par six.

Une évolution en partie due, d’après les données de l’APIE, à l’acquisition d’un hôtel tunisien par le groupe qatari Mejda Lel Estithmar, ce qui a contribué à faire du Qatar le deuxième investisseur étranger après la France.

L’accroissement des activités industrielles devrait également contribuer à stimuler les exportations et créer des emplois sur le court terme. Au cours des trois premiers trimestres de 2012, les investissements à destination de nouveaux projets industriels ont augmenté de 14,8% en glissement annuel pour atteindre 2,75 milliards de dinars (1,34 milliard d’euros), portés par de nouveaux projets dans les segments de l’agroalimentaire, de la fabrication de produits en cuir et de la transformation du caoutchouc.

Les produits mécaniques et électriques continuent de dominer les exportations de produits industriels, qui représentaient à la fin novembre 2012 un total de 19,4 milliards de dinars (9,47 milliards d’euros), soit une hausse de 4,9%.

La croissance des industries manufacturières en 2012 a principalement été tirée par des financements étrangers, et, comme toujours, reste orientée vers l’exportation. Si les nouveaux investissements dans le secteur ont évolué à la baisse par rapport à 2011, l’investissement étranger dans l’industrie a augmenté de 48,4% jusqu’à la fin novembre, renforçant la confiance des investisseurs.

Le tourisme, un des piliers de l’économie tunisienne, a également repris en 2012. Les recettes du secteur sont reparties à la hausse, atteignant 1,8 milliard de dinars (878,9 millions d’euros) en août 2012, soit 35,3% de plus qu’au cours de la même période en 2011. En 2011, les recettes avaient accusé une baisse d’environ 40% du fait du climat d’incertitude politique en Tunisie et de la récession en Europe, qui avaient entrainé une chute du nombre de touristes.

Toutefois, les recettes touristiques des huit premiers mois de l’année 2012 étaient seulement inférieures de 15% à celles enregistrées sur la même période en 2010, avant la révolution. L’état a annoncé pour février 2013 le lancement d’un programme de développement touristique visant à stimuler la reprise du secteur.

Si le progrès économique de la Tunisie ne sera pas sans embûches cette année, les gains solides des secteurs du tourisme et de la production industrielle devraient contribuer à améliorer la performance globale sur le court terme. La hausse globale des IDE dans la période de transition qu’a été l’année 2012 est particulièrement bon signe pour le retour de la confiance des investisseurs, même si l’étendue de la reprise économique dépendra aussi de la capacité du pays à organiser des élections rapidement et efficacement.

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